Instantanés autour d’un petit déjeuner.
Ce matin, l’envie m’a pris de retourner sur les pas de mon enfance et de ma jeunesse, là où tout à commencé. Le temps d’un petit déjeuner, je fais un grand bond en arrière et me voici installé au beau milieu d’un jardin luxuriant, dans ma maison d’Abidjan.
En Côte d’Ivoire, j’ai vécu mes plus belles années, celles de l’insouciance. Je peux assurément le dire, ce furent 30 années de pur bonheur.
A quoi peuvent bien rêver les vieux murs, de cette maison, rongés par le temps et les saisons des pluies. Un sage me dirait que sûrement ils rêvent à ce petit garçon heureux de vivre dans ce jardin.
Assis sous un majestueux manguier où un groupe de colibris a élu domicile pour chanter à tue-tête, je revois défiler toutes ces belles histoires qu’il me fut données de vivre. Comme par enchantement l’ocre des murs, les céramiques du toit et toutes les couleurs de ce jardin retrouvent leur lustre d’autrefois. Je revois ces belles soirées où mes parents aimaient à donner de jolies fêtes qui s’achevaient tard dans la moiteur de la nuit. Je retrouve ces fragrances venues de France se mêlant aux parfums des plantes vivaces. Je nous revois danser sur des airs des années 60 et 70 qui marquent ces belles années….
Dans les jardins d’Abidjan tout n’était que rires et cris de joie. Je me souviens de Mamie Wata, avec ses belles tresses luisantes, qui venait nous garder les jeudis après-midi ma sœur et moi. Elle nous apprenait les chants de son village lointain, en s’accompagnant de son Tam-Tam. Nous tapions dans nos mains et dansions en battant la mesure. Où es-tu Mamie Wata ? As-tu rejoint, dans le ciel toutes ces belles étoiles dont tu inventais les noms ?
Ce luxuriant jardin se trouve dans le prestigieux quartier de Cocody. Il donne sur la lagune Ebrié. Le soir venu, l’on peut admirer les lumières du Plateau, le cœur de la ville. Longtemps l’on surnomma Abidjan « la perle de l’Afrique » et, aussi, « la Manhattan africaine ». Nous y vivions divinement bien. Jadis, avant la colonisation, à la place de cette ville devenue une capitale ultra moderne qui fait la fierté de ses habitants, se trouvait une immense forêt équatoriale.

Contrastes, superbes monuments, cubes de béton, projets d’avant-garde, Abidjan n’a pas perdu pour autant son cachet pittoresque de ville africaine, dont les vertes frondaisons abritent un peuple traditionnellement bon enfant et heureux de vivre.
La Lagune est vaste, tentante et chaude. Elle étincelle au soleil. Elle est mère nourricière. L’indescriptible odeur du marché de Treichville où fruits tropicaux et autres produits s’étalent pour le plus grand bonheur des ménagères et des touristes. « Couture Pop » ou porteuse de pain, marchande d’eau ou coiffeur avisé, tout cela s’agite et s’exclame. C’est un jour de la vie à Abidjan.
Aux abords du port les billes de bois en attendant leur expédition vers les pays du nord font penser à une curieuse composition abstraite.
Face à l’océan atlantique, le golfe de Guinée où tant de navires aux cales chargées d’esclaves et sur lequel résonnent encore les pleurs des familles déchirées, des pirogues revenant de la pêches, hissées sur la plage, gisent à l’ombre des cocotiers languissants, guettant le départ vers d’autres aventures.
Que dira la vie de ce village, jadis, de pêcheurs sommeillant en apparence sous la soie bruissante des badamiers ? Qui exprimera la nostalgie de ces barques en attente ? Qui saura décrire, qui démêlera les ruses, l’habileté et la patience de la pêche à l’épervier ?
Au coucher du soleil alors que toute l’effervescence de la journée s’interrompt, sous la caresse des grandes palmes, le calme revenu, une autre vie prend place. Les grillons et les lucioles tourbillonnent autour des lumières. J’entends les fêtes s’animer dans les jardins d’Abidjan.
Chaque matin dans un écrin d’hibiscus et d’Anthuriums enlacés de baobabs centenaires, je voudrais à tout jamais prendre mon petit déjeuner.

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